Lettre ouverte à un ami qui me croit naÏf

Le racisme étant aussi ordinaire que la bêtise et la méchanceté, il n'y a aucun mérite à le constater. De plus, il est contre-productif de parler d'un mal sans parler du remède : c'est faire le jeu de ce mal, conforter les bourreaux et affaiblir les victimes, car s'il n'y a que des racistes sur terre, il faut se résigner au racisme. Ne me résignant à rien, croyant qu'on peut combattre et faire reculer le racisme, je pense et agis en conséquence : je m'appesantis davantage sur le bien que sur le mal.

Je ne prétends pas être "objectif" : je suis plus un "militant" qu'un observateur neutre, et mon point de vue est évidemment partiel, sinon "partial". Mais il n'est pas faux pour autant : les bonnes relations, dans l'ensemble, entre les diverses communautés de notre ville, sont un fait, le peu d'importance que nous accordions à nos origines et à nos religions, un fait également. Quand je dis "bonnes relations", je ne dis évidemment pas relations idylliques : rien n'est idyllique ici-bas ! Je dis simplement que, d'une manière générale, le racisme était beaucoup plus discret qu'ailleurs : dans le monde relatif qui est le nôtre, cette petite différence est déjà beaucoup !

L'absolu n'est pas de ce monde : sa quête est un bon moyen de se dispenser d'essayer d'améliorer la situation de notre planète ! L'absolu est une mauvaise excuse ! Un monde délivré absolument du racisme est une utopie : contentons-nous d'un monde toujours moins raciste et entreprenons d'ores et déjà, chacun comme il peut, dans son petit monde, de faire reculer d'un petit pas chaque jour la bête (immonde) ! Ca, ça n'a rien d'utopique, c'est parfaitement réalisable, et on peut commencer tout de suite !