Une ruse de la mauvaise volonté
Une ruse fréquente, et souvent inconsciente, de la mauvaise volonté est de reformuler, en la radicalisant, la demande à laquelle on ne veut pas accéder. Je sollicite de quelqu'un une aide ponctuelle et minime : il me répond qu'il n'est pas question que je vive à ses dépens. Je demande à un voisin de faire un peu moins de bruit, il m'accuse de vouloir le réduire au silence, et refuse légitimement de céder à mon exigence exorbitante.
Il est rarissime que la mauvaise volonté s'assume, qu'on vous dise : "Je ne vous fais pas plaisir parce que je n'ai aucune envie de le faire, parce que je suis paresseux, avare", etc. Il faut, pour cela, un courage moral qui n'est pas loin de la grandeur d'âme. La plupart des gens sont trop médiocres pour assumer leur mauvaise volonté et s'ingénient à la justifier, aggravant ainsi leur cas, puisqu'ils ajoutent au mauvais vouloir la mauvaise foi.