Changement et progrès

"Changement" est un mot dont la signification devrait toujours être précisée. Car quand il s'agit de changement, malheureusement, tout est possible, le meilleur et surtout le pire. Tout ce qui brille n'est pas or, et tont changement n'est pas progrès. Le mot changement n'a pas toujours fait rêver : il faisait peur à nos aïeux, qui préféraient un "tiens" à deux "tu l'auras".

Le monde ne change pas spontanément dans le bon sens : si on les laisse aller, les choses vont à vau-l'eau. Le bon changement ne va pas de soi, il demande des efforts et des sacrifices, et sa perspective ne fait pas rêver mais réfléchir et travailler. Le changement sans peine est l'utopie même, mère des lendemains qui déchantent et qui font regretter l'état antérieur, jusqu'à l'idéaliser !

Qu'on n'en déduise pas que je plaide pour l'immobilisme : je crois, au contraire, dur comme fer au progrès ; mais je me méfie du "changement", parce qu'il n'est pas toujours, loin s'en faut, un progrès. Progrès est un terme relativement précis, changement un terme tout à fait ambivalent, qui peut recouvrir et qui recouvre souvent la... régression !

Le bon changement n'est jamais une rupture, a priori en tout cas : s'il y a une solution de continuité, c'est une conséquence et non une condition. "La nature ne fait pas de sauts", mais, à force de ne pas en faire, à force de continuité, de constance, de patience, elle finit par faire des... bonds. A force de petits pas, on finit par aller loin, si loin que les choses changent pour ainsi dire complètement. On ne programme pas le grand progrès, on le produit en avançant pas à pas.