Le monde et la pensée (Réponse à une nihiliste)

Il y a tout lieu de penser que le « monde » n'existe pas plus sans nous que notre reflet sur un miroir. L'existence d'un « monde » autonome, d’un monde sans l'homme, c'est-à-dire sans la pensée, est… impensable, et pour cause. Par ailleurs, si l'existence du « monde »  précédait celle de la pensée, ce que nous en pensons serait nul et non avenu puisqu'on on ne peut juger que ce qu'on domine, c'est-à-dire précède, justement. Il est contradictoire de penser que la pensée est postérieure au monde : "au commencement est le verbe", le langage, c'est-à-dire la pensée.

Si l'homme n'est qu'un produit de la « nature », du reste, il n'a pas plus de valeur que ses autres productions, que le ver de terre par exemple. Si vous en êtes persuadée, ne vous étonnez pas si on vous… écrase un jour sans états d'âme comme on écrase les vers en marchant dessus !

A supposer que nous ne soyons effectivement que des produits de la nature, nous avons tout intérêt à en douter, à essayer, autant que faire se peut, de démontrer le contraire, sous peine de faire de la vie ce qu'elle est en train de devenir : un merdier. A force de dire que l'homme n'est rien, il va finir par être annihilé... par  son nihilisme, c'est-à-dire par sa haine de soi.

J'ose espérer que ce n'est pas votre souhait. Il serait dommage qu'à votre âge – je suppose qu'il n'est pas grand -, vous soyez à ce point fatiguée d'exister, même si je suis payé pour savoir que la vie est difficile. Mais c'est sa difficulté qui lui donne un sens : le grand paradoxe est que ce qui nous décourage a priori devrait a posteriori nous encourager à vivre ! Mais pour passer de l'a priori à l'a posteriori, il faut… penser. On ne surmonte pas la difficulté de vivre sans faire l'effort de réfléchir.