Traverser une épreuve
L'expérience m'a prouvé qu'on traverse d'autant mieux une épreuve qu'on lui trouve un "bon côté". C'est justement parce que la guerre, notamment, est une chose détestable, épouvantable, qu'il est nécessaire, pour ne pas se laisser détruire moralement par elle, de la voir sous l'angle de ce qu'elle peut enseigner. Le grand psychiatre Bruno Bettelheim raconte que s'il a survécu aux camps de la mort (il y a passé un an, je crois), c'est en grande partie parce qu'il a "profité" de son... séjour pour étudier la psychologie des criminels nazis.
L'épreuve est d'autant plus insupportable qu'elle n'a pas de sens, qu'elle "ne sert à rien". Plus on s'en sert et mieux on la supporte. La vie m'a appris, face à l'épreuve, à chercher tout de suite à quoi elle peut me servir, c'est-à-dire quel progrès elle peut me faire faire. Quand je trouve, j'oublie l'épreuve, le temps, qui passe alors très vite, et je sors du tunnel plus riche intérieurement que j'y suis entré.