Aphorismes 4

Le regret s’auto-entretient. Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’avenir (ni, par conséquent, de présent : le présent, sans avenir, est une prison, un mur) que je regrette le passé, mais parce que je regrette le passé que je n’ai pas d’avenir. Pour avoir un avenir (et donc un présent), il ne faut pas regretter le passé, c'est-à-dire en faire un horizon indépassable, mais, précisément, le dépasser, c'est-à-dire le penser, le comprendre.

./.

Cercle de la « dépression », et du… malheur en général : plus le dépressif déprime et plus il « rêve » à des choses inaccessibles, a fortiori dans son état. Le « rêve » du malheureux est, par définition, irréaliste : il ne rêve pas à ce qui pourrait l’arracher à son malheur mais pour… l’oublier. Il « rêve » comme on boit pour oublier sa réalité, le rêve étant d’autant plus… doux, c'est-à-dire éloigné de la réalité, qu’elle est amère. Pour sortir de sa déprime, il faut sortir d’abord de ce genre de « rêves », des rêves qui font oublier, c'est-à-dire qui anesthésient, qui endorment, en les remplaçant par les rêves qui… réveillent, les rêves réalistes et réalisateurs, qui font penser et agir.