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3 mai 2009

CON-PASSION

Un homme, au supermarché, me demande cavalièrement de céder ma place dans la queue à une femme avec son bébé. J'obtempère – le mot est juste, car il s’agit en fait d’un ordre –, pour éviter d’avoir affaire à cet homme, dont l'intervention me paraît moins motivée par la compassion que lui inspire cette femme que par la con-passion de passer pour une belle âme aux dépens de son prochain.

J’aurais cru à la compassion de l’homme s’il avait fait remarquer à la cantonade que cette femme portant son enfant, il convenait de lui éviter de faire trop longtemps la queue. La ou les personnes concernées auraient alors probablement agi en conséquence, moi le premier, qui, plongé dans mes pensées, n’avais rien vu.

Mais l’homme m’avait non seulement visé personnellement, mais pratiquement ordonné de céder ma place. Il méritait, de ce fait, un zéro en conduite, et non le dix qu’il visait sans doute en agissant ainsi.

Car c’est se conduire mal que de forcer quelqu’un à bien se conduire, la morale étant, précisément, ce qui s’oppose à la force, à la loi du plus fort. La morale ne contraint pas, elle raisonne. La morale est la raison. Et s’il lui arrive d’user de la force, c’est contre la force, justement, contre la contrainte, pour libérer.

L’amour ne se commande pas, la morale (*) non plus. L’amour et la morale, sa sœur malingre, ont la même mère : la liberté.

 

 

 

(*) « ce succédané décharné de l’amour » (Camus).

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Commentaires
I
Insupportables, tous ces éducateurs.<br /> Belle reflexion.
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