Sur la foi (à une amie)

Les textes sacrés sont très anciens, ils ont été rédigés dans un contexte pratiquement sans rapport avec le nôtre, un monde baigné de religiosité, de mythes, où la frontière entre l'imaginaire et le réel était vraisemblablement plus que poreuse, comme chez les enfants : c'était l'enfance de l'humanité. Pour bien comprendre ces textes, le sens qu'on leur donnait alors, il faudrait les réactualiser profondément. Il est à supposer que l'homme d'il y a des millénaires ne faisait pas de distinguo entre la voix de sa conscience naissante et une voix venue d'ailleurs : il ne savait pas que Dieu était en lui. Ce n'est pas blasphémer que de remettre en question les textes sacrés sous leur forme originelle et d'en remettre la lettre à jour : c'est au contraire en respecter l'esprit, c'est-à-dire l'essence. Pourquoi, si nous ne donnons pas nous-mêmes l'exemple, les autres, à qui nous demandons de revoir les textes qui nous dérangent, le feraient ? 

*

La foi rassure l'espoir et le courage, elle donne des raisons d'oser et d'aller de l'avant. C'est l'athée qui, parce qu'il croit que tout n'est que hasard, est incapable de courage raisonnable : il ne peut que ramper ou foncer tête baissée. Vous essayez, c'est normal, de justifier votre athéisme, de lui trouver de belles et nobles raisons. Je crains que vous ne vous mentiez à et sur vous-même et que votre mécréance ne soit que l'effet de l'allergie à l'incertitude, à l'angoisse qui suit la foi comme son ombre. La foi n'a rien de rassurant : vivre avec l'obligation de bien se conduire et le sentiment d'être observé et jugé sans cesse par le bon Dieu n'a rien de confortable, et pour cause. Le confort, c'est de croire que le Ciel est vide et qu'on peut penser, dire et faire n'importe quoi sans rien encourir.

*

Nul ne se pose plus de questions, nul ne "cherche" plus, que le vrai croyant, parce que justement qui dit foi, dit mystère, inconnu, interrogations, problèmes à résoudre. Les réponses de la vraie foi ne sont pas des réponses toutes faites, mais au contraire des clés très générales qu'il faut concrétiser. Vous confondez le vrai croyant avec sa caricature. "Le monde est un brelan où tout est confondu..." Confondre est très reposant pour l'esprit : tout étant pareil, il n'y a plus à différencier, c'est-à-dire à penser. Vous avez choisi le repos, le sommeil de l'esprit... qui engendre les monstres (comme aurait dit Bertolt Brecht).

Comments

[tim]

merci pour ce blog je le trouve fort intéressant je suis tombé dessus par hasard en pensant à la perfection relative étant donné que la perfection absolue est très loin d'être à ma portée et même que je ne puisse la comprendre vraiment.

Je pense que Dieu est dans nos coeurs (coeurs n'est qu'un mot) et qu'ils guident nos pas. Un ancien athée

[tim]

J