Pensées diverses 26
Le bonheur est comme une fleur, qui meurt quand on la cueille. Il faut accueillir le bonheur, mais ne pas chercher à le cueillir, c'est-à-dire à le posséder. On ne possède que sa dépouille. Rien n'est plus étranger et néfaste au bonheur que la possessivité du consommateur !
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Les ombres délimitent la voie à suivre, comme les platanes délimitent la route. C'est entre des ombres, c'est-à-dire des écueils, que nous avançons, avancer consistant à les éviter. "Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche !" criait le prince Philippe le Hardi à son père Jean, à la bataille de Poitiers. Avancer, marcher, c'est marcher droit, c'est-à-dire ne pas tomber dans les travers, dans les excès, dans un sens ou dans l'autre, rester au "milieu", c'est-à-dire au sommet... lumineux !
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Tout, dans la vie, est relatif. Le tout et le rien ne sont pas de ce monde ! A celui qui a "tout" perdu", il reste quand même la peau et les os ! C'est le problème, justement, car c'est parce qu'il lui reste la peau et les os qu'il souffre d'avoir perdu le reste ! Perdre vraiment tout, c'est perdre aussi la vie, et alors on ne se rend plus compte qu'on a tout perdu, et pour cause ! Perdre vraiment tout, c'est donc, finalement, ne rien perdre.
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Pour nombre de nos contemporains, avoir une vie intérieure, c'est avoir des... problèmes : la vie intérieure est pour eux un signe de... dysfonctionnement mental ! L'homme sain d'esprit est celui qui n'a de vie qu'extérieure et de préoccupations que matérielles. L'homme normal est un robot dépensant (et non un roseau pensant) !