Sur l'intelligence (Lettre ouverte à un ami)

Cher ZYX,

...

L'intelligence dont je parle (et qui mériterait un I majuscule) n'est pas la simple faculté d'adaptation à l'environnement, n'est pas un outil, dont on peut se servir pour faire n'importe quoi, le meilleur ou le pire : c'est la compréhension de la vie, de ses grands principes, de ses grandes lois, c'est-à-dire, en fait, la sagesse.

...

C'est la modernité qui a opposé (conséquence de la fragmentation de la science, induite par son développement) la science à la sagesse, c'est-à-dire les moyens à la fin, et il est temps de dépasser cette opposition aussi absurde que dangereuse (science sans conscience...).

...

Le "savant" (pur) s'arrête au "comment", ne réfléchit pas au "pourquoi", c'est-à-dire aux conséquences de ses actes : son intelligence est seulement pratique, c'est-à-dire superficielle, ce qui ne l'empêche pas d'être éventuellement brillante, mais la brillance n'est pas la profondeur. Il peut être profondément stupide, voire débile !
...

L'intelligence dont je parle n'est évidemment pas celle-là, mais celle du sage. De même que la bêtise que je pourfends n'est pas celle de l'ignorant aimable (Dieu sait s'il y en a !), mais celle du... con, qui peut être un puits de science, une machine intellectuelle ultraperformante, mais une machine, justement, et pas un homme, c'est-à-dire une conscience réfléchie qui s'interroge sur les mobiles et les répercussions de ses actes.