Lettre ouverte à un ami qui me croit désespéré

Cher XYZ,

j'ai commencé très jeune à penser à la... vieillesse et à la mort. Non, à l'évidence, par masochisme, mais, au contraire, par amour de la vie. D'abord, quand on aime la vie, on l'aime tout entière, on ne rejette rien. Ensuite, la vieillesse commence tôt, pour ne pas dire au commencement (j'ai commencé à être nostalgique, donc... vieux, à 17-18 ans !), elle est au fond la vie elle-même - vivre, finalement, c'est vieillir ! - : autant alors prendre le taureau par les cornes, apprendre à connaître la bête pour la dompter ou, mieux, l'apprivoiser.

Je pense beaucoup à ce dont j'ai peur, pour mieux l'affronter et le surmonter. Le maréchal Montgomery, quand il combattait Rommel dans le désert de Libye, avait une grande photo de lui sous sa tente : il voulait mieux connaître, à travers sa photo, son ennemi pour mieux prévoir ses actions et ses réactions et, par conséquent, mieux le combattre. Ce n'est pas en ignorant un mal qu'on le domine mais en le connaissant autant que faire se peut !

"Qui suit l'amour, l'amour le fuit", dit un poète. Ce qu'il dit de l'amour, on peut le dire de la mort et de la vieillesse : tant que je pense à elles, elles ne pensent pas à moi ! C'est quand je parlerai d'autre chose, cher XYZ, de jeunesse et de santé, qu'il faudra s'inquiéter pour la mienne !

A bientôt !