Le progrès est conservateur
Entre deux expressions apparemment équivalentes, on choisit, de nos jours, souvent la plus « actuelle », comme si le plus récent était nécessairement le meilleur, comme si le progrès était linéaire, comme s’il n’y avait pas de régressions, comme si la conservation, la sauvegarde, n’était pas, paradoxalement, un progrès, justement, quand les choses tendent d’elles-mêmes à se dégrader.
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Or, les « choses » étant périssables par essence, le progrès n’est-il pas, finalement, la conservation même, qui ne peut être que l’évolution, le devenir, c'est-à-dire la transformation (dont la dégradation, la déformation, est l’envers) ?
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Le projet du vrai progrès n’est pas le changement mais, tout au contraire, la pérennité : les choses changent pour continuer, et elles ne changent que dans la mesure où le changement est nécessaire à leur continuation.
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Le vrai progrès est conservateur, « nostalgique », amoureux du passé. La haine du passé caractérise le faux progrès, c'est-à-dire la vraie « réaction ».