De la foi

Le vrai croyant n'est pas certain de l'existence de Dieu : la certitude est le contraire de la foi, qui est le doute positif, c'est-à-dire le "pari" (pour parler comme Pascal). C'est dans ce sens qu'elle est féconde, créatrice, s'identifiant à la liberté. La certitude est stérilisante et aliénante. Je ne crois pas que Dieu, s'il nous aime, souhaite que nous soyons certains de son existence ! Je suis convaincu que, dans notre intérêt, il fait en sorte que nous ne puissions pas être sûrs qu'il existe !

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On ne possède pas la foi : elle vous possède ! Les croyants sont des possédés ! La foi, qui est l'incertitude positive, se donne à ceux qui se déprennent d'eux-mêmes, c'est-à-dire de leurs certitudes. C'est en remettant en question les idées sur lesquelles on s'appuie (consciemment ou pas), en prenant conscience de leur relativité, qu'on crée en soi un vide que la foi vient tôt ou tard combler.

Pour user d'une métaphore, c'est quand on met son âme à nu que la foi vient l'... habiller. Le chemin de la foi passe toujours par l'angoisse, un sentiment aigu de la précarité de la vie, des biens matériels, des idées particulières... Ouvrez un croyant, vous trouverez un angoissé ! Cherchez l'angoisse, vous trouverez la foi !

Ce qui fait que la foi se perd, c'est que les gens combattent l'angoisse à coups de tranquillisants... ou d'argent, ce puissant anxiolytique ! Si vous êtes fauché, vous n'avez que la foi pour dissiper votre anxiété. Et - le besoin est créateur - parce que vous en avez vraiment besoin, vous la (re)trouverez.