Pensées diverses 5

Il m'est arrivé de regretter l'émotion que j'avais en jouant mes premiers accords de guitare : do-la mineur-fa-sol7, l'"anatole", me transportait. Mais les choses s'usent quand on s'en sert, et le seul moyen de retrouver cette émotion, c'est d'aller plus loin, d'approfondir. Do devient do septième majeure, la mineur, la mineur septième, etc Mais on n'est pas condamné à compliquer toujours plus les accords : les plus simples retrouvent leur virginité, l'éclat du neuf, par le contraste même avec les plus compliqués. Quand vous utilisez souvent un do septième majeur neuvième, l'accord de do tout simple sonne au moins aussi frais à vos oreilles que la première fois ! On ne conserve les choses qu'en les approfondissant : c'est en mûrissant, en la mûrissant, qu'on sauve son enfance.

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Les choses de la vie se tiennent l'une l'autre par la barbichette : tout est nécessaire à tout. Nous avons besoin de tout : il n'y a pas à choisir, mais à concilier, c'est-à-dire à unir, donc à différencier ("l'union différencie", disait Teilhard de Chardin), à distinguer. Car la confusion, l'amalgame n'unit pas mais uniformise; réduit, c'est-à-dire divise.  L'union différencie, c'est-à-dire augmente, crée; l'uniformisation diminue, détruit.