Pensées diverses 32

On ne naît pas jeune, on le devient. La jeunesse -  morale - n'est pas innée : c'est un acquis de l'âge. On naît moralement vieux, c'est-à-dire faible, craintif, soumis. Il faut du temps et du travail pour acquérir du jugement, du discernement, pour apprendre à mettre à distance les choses et ne pas les subir, pour développer son imagination, le pouvoir de les voir autrement qu'elles ne sont, pour affermir la volonté de les transformer dans le sens de ses aspirations, etc. Il faut du temps et du travail pour devenir jeune dans sa tête. On n'y arrive que tard, que déjà... vieux dans son corps.

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Ce qui ne s'exprime pas, ce qui ne se communique pas - d'une manière ou d'une autre - pour moi n'existe pas, relève de l'illusion. Non pas, bien sûr, qu'on puisse enfermer l'infini dans une formule, dans des mots, si nombreux soient-ils, mais il se manifeste forcément à travers des mots ou des signes, qu'il déborde toujours, ce qui veut dire qu'on n'a jamais fini de le manifester. L'infini n'est pas l'indéfinissable, mais l'indéfiniment définissable. Il ne s'agit pas de ne pas le définir, mais de ne pas s'arrêter à une ou plusieurs définitions. Il y a des sentiments qui me poursuivent depuis l'enfance, que je m'efforce d'exprimer, sans jamais parvenir à les épuiser. C'est un puits sans fond, c'est-à-dire un puits inépuisable et non un puits vide ! L'infini n'est pas ce qu'on ne peut pas penser, mais ce qu'on n'a jamais fini de penser !

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Se PENSER est le contraire de se mirer : se penser, c'est se détacher de soi-même, de son état du moment, changer d'état. Se mirer, c'est se replier sur soi-même : se penser, c'est se déplier, s'ouvrir.