Certitude
Toute certitude est stérile parce que, par définition, elle borne la pensée. Les certitudes sont faites pour être remises en question, dépassées, pour générer de nouvelles questions, de nouvelles incertitudes. La certitude, la réponse n'est pas la finalité de la pensée, mais le point de départ d'une nouvelle question, d'une nouvelle réflexion : la finalité de la pensée est la pensée elle-même.
La certitude est l'auxiliaire de l'incertitude, qui ne peut s'en passer. Car elle n'existe pas en elle-même : on ne saurait être incertain "en soi", "dans l'absolu", mais de quelque chose, c'est-à-dire de quelque certitude, si précaire soit-elle.
L'incertitude n'est pas donnée, n'est pas un donné, un état, mais une action, celle de remettre en question la certitude, c'est-à-dire l'arrêt de la pensée, de la remettre en marche. L'incertitude n'est pas naturelle : c'est la certitude qui l'est, la plus sournoise et la plus redoutable des certitudes étant celle que rien n'est certain.
Or, il y a évidemment des choses certaines, celles à partir desquelles les autres ne le sont pas et qui fondent l'incertitude : la pensée, le jugement. En décrétant que tout est incertain, on en arrive à la certitude absolue puisqu'il n'est plus possible alors de douter ! Il faut renvoyer les "certains" et les incertains absolus dos à dos !