Ni ghettos, ni melting-pot
La ghettoïsation et l'uniformisation sont à renvoyer dos à dos. Car, dans les deux cas, on nie les différences, qui n'existent, par définition, que les unes par rapport aux autres : je diffère de quelqu'un dans la mesure où je me compare à lui, c'est-à-dire où notre essence est commune. L'apartheid a les mêmes conséquences que le melting-pot.
Il ne faut pas nier, c'est-à-dire détruire, les différences, les identités, en les opposant absolument ou en les niant, ce qui revient à nous anéantir ("être, c'est être différent", Jaspers) : il faut, au contraire, les affirmer - en les unissant ("l'union différencie", Teilhard de Chardin).
Il ne faut pas se fondre, se confondre, mais s'associer. Il ne faut pas, quand on est vieux, dire aux jeunes : "Je suis jeune moi aussi", mais "Je suis vieux, différent de vous, et c'est par ma différence même que je peux vous enrichir."
La similitude engendre, au mieux, l’indifférence (elle peut engendrer la rivalité et la haine) : c’est la différence qui fonde la complémentarité, c'est-à-dire la fraternité.