A une amie "de gauche"

... je n'ai pas de "penchants" particuliers, j'essaie de ne pencher ni d'un côté ni de l'autre, de me tenir droit. Et je développe, autant que faire se peut dans un espace aussi restreint, mes idées dans ce sens. J'essaie de ne pas prendre parti, parce qu'un parti est partiel, partial, par définition. J'ai toujours été plus ou moins "seul", parce que je n'ai jamais appartenu à un parti. Le seul parti auquel j'adhèrerais, s'il existait, serait celui de la justice. Mais il est condamné à l'inexistence, la justice ne prenant justement pas parti !

Je n'ai rien contre les humoristes, bien au contraire. Mais je n'aime pas l'humour grossier, méchant, cruel, qui n'a que peu à voir avec l'humour, c'est-à-dire l'esprit, fin par définition. En outre, je ne pense pas qu'une société puisse fonctionner normalement sans un certain respect pour ses dirigeants, pour la fonction plus que pour la personne. Le manque de respect me fait peur parce qu'il ouvre la porte à la barbarie.

Si je n'évoque pas directement "le mal qui s'insinue", c'est tout simplement parce que je pense qu'il n'est pas quelque part mais un peu partout, y compris chez ceux qui le dénoncent. Je crois que le mal est toujours plus ou moins général, dans une manière de penser et d'être. Le contraire serait trop facile, et je me méfie terriblement de la facilité !

Si je m'en prends - gentiment - aux "gauchistes de salon", c'est parce qu'ils ont une fâcheuse tendance à se prendre pour des anges et à faire de l'adversaire un démon. Leur "bonne conscience" me fait froid dans le dos, moi qui cultive la mauvaise conscience, c'est-à-dire qui m'efforce d'être et de rester conscient. "Une mauvaise conscience, c'est une conscience qui fait bien son travail", disait quelqu'un. Nous sommes tous, à des degrés divers, responsables de nos problèmes, ne serait-ce que par notre indifférence, notre résignation, notre passivité. Chercher des coupables est irresponsable : la responsabilité cherche des solutions.