Le bon temps
Le regret du "bon temps" porte en lui sa propre consolation, car avoir été heureux, c'est pouvoir (encore) l'être. Le bonheur ne s'use pas quand on s'en sert, et le bonheur vécu n'est pas la mesure du malheur à vivre. Car rien ne se crée ni ne se détruit, tout se transforme : ce qui s'use, ce qui diminue, c'est la matière, les matériaux qui nous constituent, qui constituent notre esprit (c'est-à-dire notre être), comme diminuent les briques à mesure qu'on les assemble pour construire la maison.
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La maison de notre esprit est constituée de matière, et la décroissance de la matière est, normalement, l'effet de la croissance de l'esprit, condition du bonheur, qui est la compréhension/création des choses.
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A condition de mener une vie intelligente et constructive, la faculté de jouir positivement de la vie ne diminue pas mais augmente avec le temps.