Réveiller la raison

"Le sommeil de la raison enfante les monstres"... qui la réveillent. Sans les monstres que son sommeil enfante, la raison endormie ne se réveillerait pas. Sans eux, rien ne dérangerait nos habitudes, notre hébétude, et nous glisserions sans recours sur la pente du néant.

Ce ne sont pas les microbes qui nous rendent malades : c'est la maladie qui les fait croître et multiplier. Pour notre... bonheur. Car, sans les bactéries, l'affaiblissement de notre système immunitaire, c'est-à-dire de notre vitalité, ne se traduirait par aucun signe particulier, et c'est notre "état général" qui dépérirait insensiblement et par là même irrémédiablement.

Si grand que soit le malheur provoqué par les monstres, ce malheur relatif nous garde du malheur absolu que provoquerait le sommeil de la raison s'il n'enfantait rien.

Il ne faut pas craindre les monstres ni chercher à les détruire à tout prix : il faut se servir de la peur qu'ils inspirent  pour se... réveiller, réveiller sa raison, sa pensée, recommencer à raisonner, à réfléchir, à s'interroger, à se remettre en question, à chercher de nouvelles réponses, à découvrir, à inventer.

Le sommeil de la raison attire les monstres : son réveil les fait fuir. Les monstres s'en iront d'eux-mêmes, comme ils sont venus, à mesure que nous nous réveillerons, comme la nuit se dissipe au lever du jour.